160                         HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
en jardinier, apparaît à la Madeleine, et qui vient d'entrer au Louvre avec la collection Davillier. Nous en donnons ici la reproduction.
Quant à la grande tapisserie à trois compartiments divisés par des colonnettes de la plus pure renaissance, retraçant VHistoire de la statue miraculeuse de Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles, aucune incertitude ne règne sur sa date et sur son origine. Commandée en 1518, par François de Taxis,'maitre des postes de l'Empire, dont elle porte le blason, elle offre encore certaines ré­miniscences gothiques au milieu d'un sujet entièrement conçu dans le goût du temps. Les cassures anguleuses cles plis, l'ampleur cles vêtements, et jusqu'à la franchise des tons, rappellent les an­ciennes pratiques, tandis que l'architecture des encadrements et celle des fonds ne conservent plus aucune trace de l'art porté si loin par les constructeurs de nos vieilles cathédrales. On reconnait sur les premiers plans les portraits de Charles - Quint, de Maximi­lien, et de François de Taxis, particularité qui fait de cette œuvre, déjà fort remarquable en elle-même, un monument historique de premier ordre.
Le sujet, ia qualité du premier propriétaire, la date rnéme, ne laissent aucun doute possible sur l'origine bruxelloise de cette ten­ture. En 1518, en effet, les métiers de Bruxelles atteignent l'apogée de leur développement. Ils n'ont pas de rivaux en Flandre. On peut dire que l'Europe entière a les yeux fixés sur ce grand atelier, d'où va bientôt sortir la suite de tapisseries qui a gardé, depuis plus de trois siècles, une réputation universelle.
PAYS-BAS
Bruxelles. — Nous avons constaté, dans le chapitre précédent, qu'on ne possédait, sur les débuts des tapissiers bruxellois, que des données assez vagues. Leur organisation date de 1448. Dès lors la corporation naissante est assez riche pour s'installer dans un immeuble acheté de ses deniers. Ses membres travaillent poul­les clients les plus illustres et reçoivent les commandes des ducs de Bourgogne. Nous ne reviendrons pas sur ce qui a été dit de -l'influence attribuée à Rogier van der Weyden sur le développe­ment de la haute lice,
Pendant une très longue période, jusqu'à une date assez avancée